Arthur Koestler est plus connu par ses romans que par ses travaux sur la créativité. Mais il s’est intéressé au processus de création, et dans son ouvrage : « le cri d’Archimède » il a développé un concept qu’il a appelé bi-sociation : selon Koestler, le processus de création d’idées se fait par rapprochement de deux logiques différentes, de deux champs de références étrangers l’un à l’autre.
Le terme de bi-sociation est créé pour « distinguer entre le raisonnement routinier qui s’exerce, pour ainsi dire sur un seul plan, et l’acte créateur qui opère toujours sur plus d’un plan ».
Koestler illustre la bi-sociation par l’exemple d’Archimède : pour vérifier si la couronne d’Hiéron de Syracuse était d’or pur, Archimède, qui connaissait la densité de l’or, cherchait à en mesurer le volume. Mais la forme de celle-ci était beaucoup trop compliquée pour être réductible à un ensemble.
Archimède se trouvait face à un problème en apparence insoluble, et ses penséees s’agitaient en tous sens dans le cadre de ses connaissances géométriques (plan A).
Il ne pensait sûrement pas consciemment au problème de la couronne en se dévêtant, tâtant l’eau du bain, la regardant monter à mesure qu’il y pénétrait (plan B). L’étincelle créatrice jaillit presque malgré lui, au croisement de ces deux plans : l’eau monte d’un volume égal à la partie immergée de mon corps , « Eureka ».
Bien sûr, ce n’était pas la première fois qu’Archimède prenait un bain, ni qu’il constatait que l’eau montait quand il y plongeait. Mais c’était la première fois qu’il reliait inconsciemment cette situation à la résolution d’un problème.
L’application des principes de bi-sociation, quelle soit involontaire ou délibérée est générale en créativité.